Plutôt qu’un roman, La saison des mangues introuvables est un recueil de nouvelles qui racontent les histoires de personnages liés de façon plus ou moins proche au riche propriétaire K.K. Harouni. Le tout dresse un tableau assez tragique d’une société pakistanaise traversée par la corruption et le clientélisme. La vie des pauvres et notamment des femmes y est particulièrement précaire car quand la protection disparaît, il ne reste que des comptes à rendre. Certains personnages arrivent ainsi à sortir un instant la tête de l’eau, à vivre quelques années clémentes avant que le destin ne les frappe à nouveau. Cette fatalité de la misère me fait penser à Zola (la fin pathétique de Gervaise dans L’assommoir mais en même temps cela fait bien longtemps que je l’ai lu).
En quatrième de couverture il est indiqué que cela se passe « à la fin des années soixante-dix (…) tandis que décline l’ordre féodal du Pakistan ». Cependant dans l’ouvrage il n’y a aucune indication de date et mis à part le port de pantalons pattes d’éléphant et de cols roulés cela pourrait aussi bien se passer aujourd’hui. Quant à l’ordre féodal, la gestion des récentes inondations dans ce pays a montré, il me semble, la faillite de l’Etat et la prédominance des relations de clan.
Au total, c’est un livre que j’ai apprécié bien qu’il ne soit pas très optimiste. Le fait que les histoires soient courtes apporte une tension qui donne envie de connaître la fin. On se doute vite qu’elle ne sera pas gaie.
Lounima le 9 septembre 2010 :
« L’assomoir » de Zola ? Eh bien, ce livre t’a paru très noir alors… Pour ma part, je ne l’ai pas trouvé très optimiste, et même un peu désespéré mais pas autant que toi !! 😉
Réponse :
Je trouve pathétiques en tout cas ces histoires où les personnages attendent très peu et n’ont même pas ça. Le petit homme heureux de vivre dans sa boîte et qui est torturé par la police. Le
souvenir que j’ai de L’assommoir c’est Gervaise qui rêvait de mourir dans son lit et qui termine dans un cagibi. A l’époque ça m’avait fait pleurer.